SOLAR.ESCH - L’énergie solaire pour tous à Esch

La ville d'Esch-sur-Alzette innove en matière d'énergie solaire : tous les habitants, qu'ils soient propriétaires, locataires ou copropriétaires, pourront produire dans un proche avenir leur propre électricité en installant un petit panneau solaire sur leur balcon ou leur terrasse. Outre le soutien à la transition énergétique et l'accès à l'énergie renouvelable dans la deuxième ville du pays, ce projet pilote doublement pionnier a également une composante sociale, car il permet de réduire les coûts d'électricité des ménages.

« Environ 64 % de notre population vit dans des appartements disposant de balcons et de terrasses. Le projet pilote nous permet donc d'atteindre une très grande partie de la population », explique d'emblée Meris Sehovic, échevin d'Esch-sur-Alzette en charge, entre autres, des ressorts de l'environnement, de l'énergie et des bâtiments. L’élu local parle dans ce contexte « d'une véritable démocratisation de l'énergie solaire » et « d’un saut quantique » pour sa commune. « Grâce aux subventions, toute personne résidant à Esch et répondant aux critères peut facilement accéder à la technologie photovoltaïque. Utiliser l'énergie solaire n'est donc plus une question de budget, les citoyens participant uniquement à hauteur d'une faible contribution financière », ajoute-t-il.

Après la présentation du projet lors de la réunion du conseil communal du 20 juin 2025, les choses se sont précipitées : le site que la ville a mis en place pour communiquer et informer au mieux a en effet connu environ 800 visites dans l’espace de 24 heures, après le lancement du projet pilote, limité dans un premier temps jusqu'en 2027. En fonction de son succès, la décision d'une éventuelle prolongation sera prise par les responsables politiques. Un formulaire y est également disponible pour permettre une prise de contact facile. Au 15 juillet 2025, 140 formulaires ont ainsi été envoyés. « Les chiffres ne sont que des chiffres bruts. Mais au vu de cette forte affluence, nous avons eu, au collège échevinal, le sentiment clair d'avoir lancé quelque chose que les gens attendaient vraiment », commente Meris Sehovic.

L’équipe du service écologique de la ville d’Esch-sur-Alzette aura beaucoup de travail dans les semaines à venir, car il s'agit non seulement de traiter les demandes durant l'été, mais aussi de faire en sorte que les premières installations soient opérationnelles pour la rentrée. Rien ne devrait s'y opposer, puisque la grande majorité des dossiers déposés sont irréprochables et surtout complets. « Nous avons dû en exclure une petite quinzaine sur la base du dossier, mais nous voulons voir s'il y a une possibilité », explique Jeannot Behm, responsable du service, ajoutant que la politique vise à atteindre le plus grand nombre possible de citoyens. Le lancement du projet pilote a notamment été marqué par l'intention d'un promoteur immobilier d'inciter les 67 propriétaires d'un immeuble en construction à installer un tel système.

L'approche administrative est en outre extrêmement simple, car c'est le Service des Bâtisses qui établit la déclaration des travaux. Le citoyen n'a donc aucune démarche administrative spécifique à effectuer auprès de la commune. Il doit seulement vérifier deux choses. D'une part, il doit vérifier si le bâtiment n'est pas classé. D'autre part, il doit vérifier s'il n'est pas soumis à des contraintes de l'INPA, l'Institut national pour le patrimoine architectural.

Et qu'en est-il des coûts ? La commune prend en charge la majeure partie des coûts, ainsi que la plus grande partie du volet technique de l’installation. Le coût pour les citoyens s'élève à 150 euros pour un panneau et à 250 euros pour deux panneaux. Ce prix comprend la pose et les conseils techniques. Ce prix est rendu possible grâce aux aides dont le projet bénéficie de la part du ministère de l'Environnement, du Climat et de la Biodiversité, plus précisément du Fonds climat et énergie, ainsi que de Sudstroum, le fournisseur d'énergie de la ville d'Esch, dont elle est l'unique actionnaire.

Dans ce contexte, la répartition est la suivante : la commune prend en charge 216 euros, une subvention d'un montant équivalent provient du Fonds climat et énergie, et le reste du prix de revient, soit 650 euros hors TVA, est pris en charge à hauteur de 75 euros par Sudstroum. Il reste donc 150 euros à la charge du citoyen.

Pour l'installation de deux modules coûtant 950 euros hors TVA, la répartition est la suivante : la commune et le Fonds climat et énergie contribuent chacun à hauteur de 295 euros, et Sudstroum à hauteur de 115 euros, ce qui laisse 250 euros à la charge du citoyen. Au total, une enveloppe de 450 000 euros est prévue pour financer 500 installations dans le cadre de la phase pilote, allant, qui s'étendra jusqu'en 2027.

Tous les habitants d'Esch-sur-Alzette, qu'ils soient propriétaires, locataires ou copropriétaires, sont donc a priori éligibles. Jeannot Behm a toutefois tenu à préciser que le projet ne concernait pas les installations de panneaux photovoltaïques sur les toitures. L'éligibilité sera vérifiée lors de la prise de contact, pour laquelle les citoyens doivent envoyer, en plus du formulaire rempli, quelques photos de leur balcon ou de leur terrasse.

Les critères d'éligibilité sont les suivants :

• seuls les citoyens eschois sont éligibles ;
• le dossier soumis doit être complet, y compris deux ou trois photos montrant l'état des lieux du balcon et/ou de la terrasse ;
• une prise électrique doit idéalement être disponible à l'extérieur pour permettre le raccordement ;
• le balcon/la terrasse doit répondre à certaines exigences. Il/elle doit notamment permettre l'installation de panneaux de 1,70 m sur 1,20 m ;
• Sont exclus les balcons/terrasses en verre ou en maçonnerie.

La puissance des kits proposés par la commune est limitée à 800 W, conformément à la réglementation en vigueur. Fabriqués en Europe selon les normes de qualité les plus strictes, ils sont également équipés d'un vernis spécial qui élimine tout risque de réflexion. « La puissance permettra de couvrir une part significative des besoins électriques de base, soit 20 à 25 %, en fonction de l'orientation et de l'ensoleillement du balcon », explique Torsten Schockmel, co-directeur de Sudstroum, qui tient beaucoup à ce que les produits soient fabriqués en Europe, tout en soulignant que ce critère a été important lors du choix du modèle.

La centrale solaire de balcon, quant à elle, est raccordée à un micro-onduleur qui convertit l'énergie solaire en courant alternatif. Ce courant est ensuite injecté dans le réseau électrique du logement via une prise électrique standard, idéalement située à l'extérieur, sur le balcon ou la terrasse. « Si ce n'est pas le cas, nous essaierons de trouver une solution, qui pourrait éventuellement entraîner des coûts supplémentaires », ajoute Jeannot Behm, qui attire également l'attention sur le fait que l'électricité produite en surplus est tout simplement injectée dans le réseau public.